Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Chers camarades,
Nous venons tout d’abord, au nom du bureau national et du conseil d’administration de l’Association nationale d’action sociale des personnels de la police nationale et du ministère de l’Intérieur, l’ANAS, au nom de tous ses délégués, présenter à la famille de notre camarade Jean-Pierre, à son épouse, à ses enfants, à toi Sylvie, à ses petits-enfants, à ses amis, ses proches, ses collègues, nos plus sincères condoléances.
Il nous appartient aujourd’hui de rendre un hommage solennel à Jean-Pierre, à ce qu’il a été, à ce qu’il a accompli.
Avec son départ pour ce dernier voyage, c’est toute la famille policière qui perd un de ses grands soutiens. Car Jean-Pierre était ce défenseur de notre institution, avant même d’être militant syndical et social.
Il prenait encore la parole, lors de notre assemblée générale du mois de mai dernier à Treveneuc, pour affirmer toute sa sympathie, son respect et son soutien à ses collègues actifs, ces femmes et ces hommes qui assurent la sécurité des personnes et des biens, sur l’ensemble du territoire, trop souvent au péril de leur intégrité et quelquefois même de leur vie.
Il avait, sur ces sujets, une grande sensibilité, il en parlait avec ses tripes. De ce point de vue, Jean-Pierre avait conservé, il nous semble, une parfaite mais si exigeante capacité d’indignation, ce qui constitue, à une époque qui semble prête à s’habituer à tout, même au pire, une des grandes qualités humaines.
Militant de longue date au sein du Syndicat national indépendant et professionnel (SNIP) des CRS, organisation fondatrice de l’ANAS en 1949, ainsi qu’au sein de la Fédération autonome des syndicats de police, Jean-Pierre y était unanimement reconnu comme un honnête homme, un militant aux valeurs humanistes chevillées au corps.
Secrétaire général du SNIP, élu au congrès de Tours, il prenait naturellement la vice-présidence de l’ANAS entre 1981 et 1989. Si son action a été essentiellement syndicale, tout au long de sa carrière de policier, c’est vers la sphère sociale qu’il s’est le plus souvent tourné, occupant tour-à-tour des fonctions au sein des diverses instances syndicales sur cette thématique.
Plus que quiconque, Jean-Pierre savait que la sphère sociale est indissociable de la sphère syndicale. Et nous serions bien inspirés, nous militants associatifs et syndicaux, de nous souvenir de ces fondamentaux, ne serait-ce que par respect pour nos fondateurs vénérés que nous aimons tant. Nous sommes toutes et tous des maillons de cette grande chaîne de solidarité et de fraternité, qui nous lie dans le temps comme dans l’espace.
En plus du respect de la tradition de nos anciens, dont Jaurès nous a rappelé qu’il fallait en transmettre le feu et non les cendres, Jean-Pierre savait à quel point notre profession, très souvent confrontée à ce que la société produit de pire, a besoin d’une action sociale de proximité, pour laquelle la sphère associative apporte toute sa souplesse, là où les rigidités administratives sont quelquefois contreproductives.
Là aussi, à une époque où la fiche de paye, les mutations et les avancements semblent représenter l’alpha et l’oméga des attentes de nos collègues, nous avons le devoir, l’ardente obligation de leur rappeler qu’une profession comme la nôtre a besoin d’une cohésion, d’une Solidarité et d’une Fraternité sans faille.
Cette devise, « Solidarité, Fraternité », affichée au fronton de l’ANAS, n’avait pas pour Jean-Pierre comme elle n’a pas pour nous une vocation décorative. Car si ces mots n’étaient que des mots, nous serions bien malheureux. Lorsqu’ils ne sont pas traduits en actes au quotidien, c’est toute une institution qui vacille, qui souffre, avec les tristes conséquences que nous pouvons constater tous les ans dans nos rangs.
Dès sa retraite, Jean-Pierre n’a évidemment pas déposé les outils du combat social, puisqu’il est toujours resté disponible pour les délégués de l’ANAS, à tous les niveaux de responsabilité. La sagesse de ses propos a continué à nous éclairer. Il s’est investi pleinement dans l’UNRP, mais aussi dans la gestion de la cité, au travers d’un si noble mandat municipal.
Malgré ses problèmes de santé, il n’a jamais perdu de sa fougue. Ses interventions, parfaitement calibrées en tribune de notre assemblée générale, peuvent en témoigner. Ses courriers, ses appels téléphoniques, lorsqu’une situation lui paraissait anormale, étaient autant de rappels à nos obligations.
S’il savait affirmer ses désaccords, il savait tout autant encourager les bonnes initiatives, les bonnes pratiques, les comportements vertueux et féconds. C’est ce qu’il a encore fait en mai 2022 à Treveneuc, en encourageant l’équipe du conseil d’administration et du bureau national à poursuivre les efforts entrepris depuis leur élection l’année précédente.
Tout début janvier encore, Jean-Pierre nous appelait pour nous prévenir qu’il était hospitalisé et devait être opéré. Ce n’est pas tant son état de santé qui le préoccupait que le fait de savoir s’il allait pouvoir assister à la cérémonie des vœux et à l’assemblée générale de l’ANAS.
C’était Jean-Pierre MALJEAN !
Longtemps… toujours, Jean-Pierre continuera à vivre dans nos mémoires vives, seul véritable tombeau des morts.
Nous saurons, à tout moment, nous rappeler son exigence, sa droiture et sa capacité intacte d’indignation.
Nous saurons nous rappeler, à tout moment, qu’il aura toujours eu pour seul but que de nous rassembler, et la morsure du fouet de sa mort ne nous dispersera pas.
A l’appel de son nom, au service des valeurs qu’il a portées, nous veillerons à toujours répondre présent.